CHRONIQUE – EVEY
Voilà un peu plus d’un mois que j’ai fini de lire « Les Ecriveurs ». Je me suis penchée sur sa chronique un certain nombre de fois… Mais je n’arrivais pas à exprimer l’intensité des sentiments que j’ai ressenti en lisant ce livre.
Alors, je vais vous livrer une chronique peut-être un peu bancale, qui ne me satisfera pas à 100%. Cela m’embête sincèrement mais je n’ai pas envie d’attendre plus longtemps pour vous en parler.
« Les Ecriveurs », c’est tout d’abord un univers simple mais efficace. Hometown est une île pas comme les autres, elle vit en quasi autarcie et seul quelques privilégiés ont déjà pu voir le reste du monde. Les fans de « Myst » (jeu vidéo) pourront voir de beaux clins d’œil à l’univers du jeu. Comme pour ses autres romans, Frédéric Mars réussi avec les mots à faire apparaître distinctement, devant les yeux des lecteurs, les personnages et les paysages. Les mots défilent et vous emportent, vous capturent dans le monde des Ecriveurs. Rapidement, on sent que Hometown est un lieu étrange, plein de secrets. Tout au long du roman, on sent une atmosphère pesante et sombre, à l’image du lac de l’île. Même les dessous de la cité sont, malgré leurs grandioses architectures, hermétiques et oppressants.
Ce premier tome respect les « codes » de l’introduction de saga. L’intrigue principale, qui servira de fil rouge à la série, est doucement mise en place. On ne prend vraiment conscience de l’ampleur de l’intrigue et des événements qu’en refermant le roman, lorsque l’on fait le bilan, dans sa tête.
Tous les événements s’imbriquent les uns dans les autres, formant ainsi un canevas complexe et serré. Même les événements les plus insignifiants au premier abord sont au final des petits nœuds qui viennent consolider le canevas des « Ecriveurs ».
On se retrouve avec une mise en abîme du destin et du hasard qui le constitue ou non. Sans nous demander la permission, mais aussi sans heurts, Frédéric Mars imprime dans nos esprits un questionnement complexe sur tout ce qui attrait au destin. C’est même plus vicieux que cela… Tout un questionnement sur l’humanité et l’homme s’immisce en nous. Si tout comme moi vous avez eu un super prof de philo ( j’en profite pour remercier M. Petit), vous vous souviendrez surement de sa technique sournoise mais diablement efficace pour vous faire réfléchir. Vous vous souviendrez de la sensation que vous avez eu en sortant de cours… Des idées pleins la tête, des idées qui bourdonnent, se bousculent… Une sensation de bien être et de doute total… Un mélange de peu et de beaucoup… C’est dans cet état que je suis ressortie de la lecture des « Ecriveurs ». Sous son air de roman, « Les Ecriveurs » cache un texte philosophique et métaphysique redoutable.
Vous devez vous demander comment les personnages peuvent s’en sortir et véritablement exister dans un tel texte. C’est légitime.
Laura, le personnage principal, est ce que l’on pourrait appeler une jeune fille commune, du moins au niveau du caractère. Son histoire personnelle est triste, voir dramatique, mais malgré tout, cela n’en fait pas une personne charismatique ou exceptionnelle. J’ai aimé me retrouver face à elle, la rencontrer. Son côté » comme tout le monde », sans véritable relief, la rend sympathique, famillière. On a envie de la connaitre plus. Son humour est cynique et noir. C’est son « plus » à elle. Je dois avouer que cela m’a entièrement conquise, vous me connaissez ;). Pourtant tout n’a pas été toujours rose dans notre relation personnage à lectrice. Je n’ai pas compris certaine de ces réactions, enfin je n’aurai pas fait pareil. Malgré tout, à aucun moment je n’ai pas apprécié sa compagnie. Je dirai même que ses comportements parfois irraisonnables me poussaient vers elle, je suis devenue une grande sœur qui ne peut et ne veut pas lâcher la main de sa petite sœur.
Pour le moment les autres personnes ne sont pas encore assez développés pour que je vous donne un avis constructif sur eux. On en apprend beaucoup et peu à la fois, car au final, ce n’est que le premier tome. Ils ne nous donnent qu’une envie, connaître la suite, et voir si l’auteur répondra aux multiples questions que l’on peut se poser sur eux. Plusieurs personnages sont tout particulièrement intrigants vous verrez, leur noirceur ou leur gentillesse vous attireront et nous brûlerons surement les ailes. Nous sommes devenus de simples mouches attirées par une ampoule prometteuse de lumière, liberté et chaleur.
Des métaphores, des personnifications, des chimères, des utopies,… Le moindre paysage, bâtiment, parcelle de l’univers de Frédéric Mars semble inviter le lecteur à la réflexion. Les références sont légions, subtiles, discrètes mais belles et bien présentes. Quel bonheur de se sentir tirer vers le haut… Quel bonheur de se plonger dans un tel texte… Quel bonheur de se rendre compte que l’on n’est pas seule à vouloir encore et toujours approfondir notre culture et la partager… Quel bonheur…
« Les Ecriveurs » fait parti des romans que l’on peut lire et relire, tout au cours de sa vie, car jamais on n’y relira vraiment les mêmes choses. Les plus jeunes s’attacheront sûrement plus au côté aventurier du roman, les un peu plus vieux s’interrogeront sur les Ecriveurs en eux même et les potentiels histoires d’amour ou d’amitié, les adultes eux méditeront surement sur le destin. « Les Ecriveurs » a plusieurs niveaux de lecture, et c’est ce qui en fait un roman vraiment fort, profond et marquant. Il fait parti de ceux qui, j’en fais le pari, vous relirez encore et encore… avec toujours autant de plaisir et questionnement.
Je pourrais vous écrire des pages et des pages sur ce roman, car il y a tellement de choses à en dire… Quoi que je ne suis pas sûre de trouver les mots pour vraiment exprimer tout les questionnements que « Les Ecriveurs » a soulevé en moi… C’est terriblement dur d’écrire une chronique, savoir que même après l’avoir retravailler un nombre incalculable de fois on n’a toujours pas trouvé les bons mots, que l’on n’a toujours pas réussi à retranscrire ces impressions. Qu’on a des mots plein la bouche pour en parler mais que rien n’arrive à en sortir, du moins de façon ordonnée, intelligible et intelligente. Je vous laisse donc avec ma petite conclusion soit banale… mais juste… Je vous laisse faire, vous même, votre propre avis sur « Les Ecriveurs ». C’est encore ce qu’il y a de mieux.
Attention ceci est une conclusion banale mais juste:
Un mélange de métaphysique et d’aventure, d’action et de réflexion, un voyage intellectuel et visuel…, un roman Young Adult comme j’aimerai en lire plus souvent, un petit bijou littéraire, un arc en ciel de sentiments et sensations…, c’est ça, « Les Ecriveurs ».